Glasses

Parmi les choses les plus mémorables à propos de Mégane, il y a une plage blanche vide, une mer turquoise lumineuse et une route de campagne verdoyante. Descendant sur ce paradis, Taeko, une femme boutonnée et à lunettes traînant une très grosse valise, s’enregistre dans une minuscule auberge en bord de mer. S’attendant à être laissée seule, elle est rebutée lorsque le propriétaire de l’hôtel, Yuji, s’assied pour manger avec elle. Elle est encore plus mécontente lorsque Sakura, une femme âgée placide et vénérée, prend la liberté d’entrer dans la chambre de Taeko pour la réveiller ! Mais chercher refuge dans un autre hôtel s’avère farfelu, et Taeko retourne timidement vers ses hôtes non conventionnels. Soulagée, elle se connecte progressivement à leur communauté simple et cultive ce que Yuji appelle “le talent d’être ici”. On parle beaucoup du « pouvoir viscéral du film ». Mais Megane va plus loin, manifestant un processus par lequel le spectateur peut participer à la paix des personnages. Alors que Yuji et Sakura préparent des repas exquis et pratiquent des exercices ludiques sur le sable, nous, comme Taeko, commençons à céder à leur rythme et à absorber leur bienveillance. Alors que tous s’adonnent au “crépuscule”, un passe-temps consistant à regarder dans l’espace, nous aussi, nous constatons que notre respiration s’approfondit, notre regard se détend. Regarder Mégane devient une méditation. Un voyage émouvant rempli de subtils moments “aha”, Megane est minimaliste et calme mais jamais didactique ou sérieuse. Comme un bon maître bouddhiste, son humour inattendu nous ravit et nous dégèle.